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samedi 9 janvier 2016

Le coup de foudre


  Je ne me souviens plus de l'âge auquel nous sommes rencontrés pour ce VOYAGE, Louis Ferdinand Céline et moi, mais je devais être en train d'apercevoir le BOUT de mes études de médecine. C'était la fin des années 80. Le top 50 régnait sur Canal +.
Même si j'avais un peu passé l'âge des virées en boîtes de NUIT, Jeanne Mas y faisait alors un malheur avec son tube "En rouge et noir", et l'on s'approchait lentement mais sûrement des fêtes Denoël.
Les amateurs apprécieront mes allusions. On s'amuse comme l'on peut...

 Bref, je manquais un peu de temps libre. Le boulot occupant les trois quarts de mon temps, nuits comprises parfois, j'eus l'idée de me lancer dans la littérature afin de me détendre avant de trouver le sommeil.

 Quand je dis me lancer, je n'exagère pas tant que ça. J'avais réussi à arriver jusqu'au baccalauréat sans avoir vraiment beaucoup lu . Les grands auteurs ne m'avaient pas franchement fait rêver.
Même si j'avais obtenu, je me demande encore comment, les meilleures notes de l'académie aux épreuves de Français. Grâce à une chanson de Brassens "Saturne" à l'oral, et à La vie de Marianne de Marivaux à l'écrit !
Je me souviens un peu du premier : Il est morne, il est taciturne. il porte un joli nom Saturne, mais je crois bien en revanche n'avoir jamais rien su de Pierre Carlet de Chamblain !

 Cependant, ce qui est certain, c'est que j'avais déjà été attiré, plus jeune, par les voyages extraordinaires.
Je m'étais régalé pendant de nombreuses années avec pratiquement tous les chefs-d’œuvre de Jules Verne, un autre génie, que j'adore pour toujours !

  Ensuite, la Faculté a commencé à me remplir le cerveau avec ses dizaines de polycopiés, de croquis, et de formules chimiques à apprendre par cœur. Et je n'ai plus lu grand chose d'autre.
Pas terrible l'anatomie ou l'histologie pour s'endormir l'esprit tranquille !

  Je ne voulais pas non plus perdre mon temps à lire n'importe quoi ! Je me suis donc dit : tant qu'à ouvrir un livre, autant choisir parmi les meilleurs. Et me voilà en train de farfouiller dans les étagères de mes parents, à la recherche non pas du temps perdu (Proust serait pourtant bien parvenu à m'endormir), mais d'un bon livre assez célèbre, et qui me plaise.
 Pas facile de choisir sans rien n'y connaître, ou presque... Même si certains titres illustres attiraient mon regard, j'hésitais à me lancer si j'ose dire ainsi, un peu à l'aveuglette.

  C'est alors que je suis tombé par hasard sur un bouquin intitulé "La bibliothèque idéale" : c'était pile poil ce qu'il me fallait ! Et depuis, je ne saurais remercier assez fort Bernard Pivot d'avoir eu l'idée de cet ouvrage.
Il nous y décrit brièvement, catégorie par catégorie, tous les écrits qu'il juge être les meilleurs, et nous conseille donc de les lire. Connaissant le personnage du fait de sa célèbre émission de télévision "Apostrophes", dont le générique résonne encore à mes oreilles, je savais qu'on pouvait lui faire confiance !
Alors, je me suis intéressé aux romans français. Il me fallait bien commencer.
Voici son top 10 :
Honoré de Balzac, La Comédie humaine
Albert Camus, L'Étranger
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit
Denis Diderot, Le Neveu de Rameau
Gustave Flaubert, Madame Bovary
André Gide, Les Faux-Monnayeurs
Victor Hugo, L'homme qui rit
Pierre de Marivaux, La Vie de Marianne
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu
Stendhal, Le Rouge et le noir

 Je fus assez heureusement surpris de voir que j'avais déjà lu trois d'entre eux ! Je ne vous dirai pas lesquels, mais la note de 3/10 n'était pas très glorieuse... Moins brillant qu'au Bac ! Il y en avait même quelques uns dont je n'avais jamais entendu parler : la honte !

 J'en ai donc sélectionné un, arrivé sur le podium, mon choix heureusement encouragé par Pivot. Si ma mémoire ne me trompe pas, celui-ci nous disait que
Personne ne s'en est jamais vraiment remis ! "

Non, ce n'est pas L'étranger, que je n'ai d'ailleurs jamais su apprécier. Pas aimé du tout même ! Et puis reconnaissez que son incipit ne donne pas très envie, contrairement à celui de l'autre...

Ni Balzac non plus : je n'avais pas le courage de m'y attaquer du fond de mon lit. Je n'en aurais probablement jamais vu la fin !

Non, j'avais choisi Céline. Sans regrets. Hop ! Adjugé ! Le fait qu'il soit médecin a t'il joué en sa faveur ?

 A moins que ce ne soit parce que je savais que mon père en avait un bel exemplaire dont il était très fier, et que j'avais facilement à ma disposition. Qui sait ?
Ou bien à cause de sa couverture en rouge et noir ?
Un peu de tout ça, certainement.

Si seulement j'avais su ce qui m'attendait alors...

Ça a débuté comme ça.


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