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mercredi 14 septembre 2016

Denoël et les tirages autour de Noël...


   Un amateur célinien ayant jeté cet été un œil averti sur mes "articles", a eu la grande amabilité de me faire parvenir le document suivant, certainement issu des archives de l'éditeur :


On y trouve, recensés jour après jour entre le 12 octobre 1932 et le 4 juillet 1933, les chiffres des différents tirages. En fonction des différents imprimeurs successifs : 
- la Grande Imprimerie de Troyes qui nous intéresse au plus haut point,
- puis l'Imprimerie Française de l'Edition, 
- puis l'Imprimerie Moderne de Montrouge.


Le contrat qui liait Denoël et Céline rendait bien entendu absolument nécessaires ces comptes : on le voit bien sur le récapitulatif manuscrit au bas du document :

- les grands papiers étaient comptés à part (du moins les 110 exemplaires officiels) et il est probable qu'ils rapportaient davantage à l'auteur 

- 3000 exemplaires ordinaires "sans droits" étaient soustraits du total, tout comme 5 % du total des exemplaires ordinaires restants 


  Ceux d'entre vous qui ont retenu que le prix Renaudot avait été attribué au roman et remis à son auteur le 8 décembre (à défaut du prix Goncourt) savent certainement que le monde littéraire ainsi que les médias en avaient beaucoup parlé, et comprendront à la lecture de ces chiffres que le public se soit précipité pour se le procurer dès le début du mois. 




       Une deuxième imprimerie a alors été mise à contribution, avec des chiffres de tirages 
       bien plus importants.


  Ce document nous permet aussi de confirmer ce que nous supputions déjà à propos des grands papiers : 
- il n'y aurait pas eu que les 100 numérotés, mais 219 exemplaires sur alfa ! 
- et non pas seulement 10 numérotés, mais 23 exemplaires sur vergé d'Arches !

Les 200 exemplaires du Service de Presse se révéleraient donc un peu plus rares que ceux sur alfa !


  D'ailleurs, personnellement, j'ai déjà vu se vendre à ce jour d'assez nombreux exemplaires sur alfa, contre 3 seulement du Service de Presse. J'ai pu en recenser 36 sur alfa, qu'ils soient numérotés ou "hors commerce", et uniquement une douzaine sur Arches.


dimanche 13 mars 2016

Le fameux manuscrit


  On n'est pas vraiment certain qu'il n'en existe qu'un, contrairement à ce que l'auteur s'est autorisé à noter de sa main sur la couverture d'origine :


Connaissant le personnage, il ne serait pas étonnant que ce soit un mensonge...

Mais ce qui est sûr, c'est que la BNF a bien fait de l'acheter aux enchères, celui-ci, en mai 2001, sinon nous n'aurions jamais pu le voir, ni même espérer le lire, et encore moins feuilleter ses 876 pages.

  C'est le célèbre libraire Pierre Bérès qui a fait sensation cette année-là en le sortant à la surprise générale d'un de ses coffres, soi-disant pour le compte d'un mystérieux collectionneur anglais.
Beaucoup s'accordent à penser qu'il en était bel et bien l'heureux propriétaire.
Et depuis longtemps...

En tout cas, il n'a pas fait une mauvaise affaire ce jour-là, puisque le prix d'adjudication fut de plus de 12 millions de francs : un record !

Il est d'ailleurs fort amusant de noter par qui l'état a dû se faire aider pour avoir les moyens de préempter ce chef d'oeuvre de la littérature : il s'agit, comme mécène principale, de Nahed Ojjeh, la veuve du richissime Akram Ojjeh. 
Je vous laisse découvrir sur Wikipedia comment sa fortune a été bâtie. Ce n'est pas triste !...


  On sait que Céline l'avait, lui, vendu en mai 1943 à un célèbre marchand de tableaux, Etienne Bignou contre, officiellement, 10 000 (anciens) francs et un petit tableau de Renoir !
Mais probablement bien plus que ça en réalité...


  Entre les péripéties de la fin de la seconde guerre mondiale, qui n'épargnèrent pas Céline, et les décennies qui se sont depuis écoulées, on avait franchement perdu sa trace !
Personne ne l'avait plus jamais vu.


Il faut savoir aussi, qu'avant même d'être publié, il faisait déjà parler de lui :


  Dans cette lettre qui devait accompagner son roman, l'auteur écrivait en effet, dès avril 1932 à Gaston Gallimard, le lui présentant en ces termes (sans succès) :

  « C’est du pain pour un siècle entier de littérature. 
C’est le prix Goncourt 1932 dans un fauteuil pour l’Heureux éditeur qui saura 
retenir cette œuvre sans pareil, ce moment capital de la nature humaine ». 

  Il en fallait du culot, pour envoyer ça à un grand éditeur, sans avoir jamais rien publié !...


Voici sa première page :

On y voit que l'incipit, devenu légendaire depuis, était à l'origine :
"Ça a commencé comme ça" 
et non pas "Ça a débuté comme ça" !

  Je conseille à tous les amateurs de se plonger dans la lecture de ce manuscrit qui apporte un éclairage nouveau sur le roman et sur son auteur !
La comparaison avec la version publiée est passionnante. L'écriture est facile, les corrections toujours intéressantes, sans trop de ratures, et les différences notables.

  En effet, depuis peu, cela est possible grâce à la parution du fac-similé complet de ce manuscrit, dont je ne saurais trop vous conseiller l'achat :





jeudi 11 février 2016

La rançon du succès


  L'éditeur Denoël écrivit un an plus tard : "Ce n'est que le scandale créé autour du prix Goncourt qui a déclenché la vente du livre...", et l'on imagine facilement sa satisfaction...
Ce n'est pas tous les jours en effet qu'un inconnu vient ainsi rajeunir le paysage littéraire, avec une oeuvre aussi polémique qui plus est, à laquelle on attribua tout de même le prix Renaudot !
"Avant le prix, le premier tirage n'était pas épuisé" écrira t'il aussi.

Mais le bouquin a ensuite fait le buzz grave, comme l'on dit aujourd'hui !
D'où le début des réimpressions...

  Le succès fut immense, et les tirages eurent du mal à suivre la demande du public : fin décembre 1932, les éditeurs s'excusent auprès de Messieurs les Libraires du retard apporté à la livraison des commandes de cet ouvrage. "Deux imprimeurs travaillent en ce moment à la fabrication du Voyage au bout de la nuit dont plus de 25000 exemplaires ont été vendus en quinze jours. Le retard sera rattrapé le plus rapidement possible."

  Il s'agit là des deux réimpressions de 1932, dont je me permets de vous rappeler qu'elles comportent in fine
les feuillets d'annonces sur papier vert, non datés, et bien différents des premiers.
L'année se termine. En quelques semaines, même si la demande est forte et si l'on va s'efforcer d'en imprimer le plus possible, ces exemplaires restent encore aujourd'hui assez peu courants, bien que moins recherchés que les précédents !

* Une partie de ces réimpressions sera assurée par la Grande imprimerie de Troyes : on la distingue des premiers tirages grâce à ses feuillets d'annonces verts, et grâce à la mention d'édition (fictive) figurant en haut à droite de la première page de couverture.
Je crois bien qu'il existe également des versions sans aucune mention d'édition, mais il faut se méfier car il est assez aisé de la faire disparaître... Attention ! Surtout si les feuillets manquent...

* L'autre partie de ces réimpressions a été confiée à l'Imprimerie française de l'édition, toujours avec les feuillets d'annonces verts. Elle est très facile à distinguer puisque son origine est mentionnée en bas de la dernière couverture :


Et aussi car les exemplaires portent au bas de la dernière page de texte, l'indication suivante :


Là encore, je crois bien qu'il existe des exemplaires sans mention d'édition, mais cela reste à confirmer...


     On remarque pour ces réimpressions, que les deux fameux M des pages 150 et 541 :

* sont bien corrigés à l'endroit dans celle de la Grande imprimerie de Troyes,

* alors qu'ils sont encore à l'envers dans celle de L'Imprimerie française de l'édition, probablement du fait de la technique de l'offset qui n'a fait que copier le texte non encore corrigé !

Amusant, non ?


   Pour illustrer la sortie tumultueuse de ce livre, voici des annonces extraites de "Mercure de France" datant de novembre et décembre 1932 :


Ainsi que le numéro du 10.12.1932 de la revue "Monde" avec un article sur Céline, autour du Goncourt, ainsi qu'un extrait du roman :



  Et cette note des éditeurs, décrivant sommairement l'ouvrage :



dimanche 17 janvier 2016

Le tirage sur papier ordinaire


  La publication de " Voyage au bout de la nuit " remonte à la mi-octobre 1932.

  Les éditeurs en ont fait paraître quelques extraits dans diverses revues dont "Monde", "Europe" et "Cahiers du Sud". La mise en vente eut lieu le 15 octobre. Enfin, je crois...


  L'auteur étant totalement inconnu, il fallait bien essayer de créer le buzz autour de son premier roman, comme l'on dit aujourd'hui !


Rares aujourd'hui sont les exemplaires ayant conservé leur bande rouge !

  Le succès n'était pas garanti, mais le livre déclencha assez vite dans le milieu littéraire, une vague de réactions passionnelles, et parfois même houleuses. Personne en tout cas ne put rester indifférent.
Il fut rapidement pressenti pour le prix Goncourt, qui lui échappa finalement le 7 décembre.
Céline ne s'en remettra jamais vraiment, même si le prix Renaudot lui apportera une belle consolation.

  Denoël et Steele avaient donc initialement prévu un chiffre raisonnable pour leur premier tirage, d'environ 3000 exemplaires. Ce qui va vite s'avérer largement insuffisant...

Un correspondant m'a fait part de cet intéressant document provenant de leurs archives :


On peut y voir que 200 ex. pour le Service de Presse ont été tirés en premier, le 12 octobre.

Le lendemain ont été imprimés 95 ex. sur Alfa ainsi que les 20 ex.sur Arches. Pourquoi 95 seulement ?

Puis, à partir du samedi 15, et jusqu'au 2 novembre, sont sortis au total 3284 ex. ordinaires.

  Je pense (mais je peux me tromper) que ce sont ces 3284 exemplaires-là tirés sur papier ordinaire qui comportent à la fin les feuillets d'annonces sur papier gris-bleu. Il semble tout à fait improbable que les éditeurs aient décidé de changer leurs annonces sur une période d'un peu plus de deux semaines.

C'est également à mon avis parmi ceux-ci que l'on peut rencontrer successivement les deux, ou bien un seul, ou bien aucun "M" à l'envers.


  Au vu de cette chronologie, il semble que ceux sur grands papiers ont été tirés quelques jours auparavant.
Pourtant, la plupart ont bien les deux "M" corrigés, eux, mais pas tous...

C'est à ne plus rien y comprendre ! ! !


Peut-être qu'un jour, j'en aurai un comme celui-ci, 
( on peut toujours rêver )
et que cela me permettra d'y voir plus clair ?...



Combien de grands papiers ?


  Nous avons vu que la justification de l'édition originale parle de 110 exemplaires numérotés : de 1 à 10 sur Arches vendus 90 Francs, et de 11 à 110 sur Alfa vendus 40 francs.

Mais ce serait trop beau si c'était aussi simple !


  Sur papier vergé d'Arches, il en existe bien 10 numérotés. Avec la mention " VERGE D'ARCHES" sur le dos.

Plus un certain nombre d'autres, hors commerce. Une dizaine, paraît-il...
Avec la mention "ARCHES" sur le dos.



Une lettre du 29 juillet 1933, des éditeurs à René Gaffé, donne ce chiffre de "dix exemplaires seulement...réservés à l'auteur et aux collaborateurs de la maison; peut-être deux ou trois ont-ils été envoyés à des critiques...". Ce qui en ferait donc environ 20 sur Arches. Difficile d'être plus précis.

Le prestigieux numéro 1, qui aurait bien pu être l'exemplaire de l'auteur, s'est vendu à Paris en 2013 :


Le numéro 2 serait celui de Léon Daudet, le numéro 3 a appartenu à Victor Brayat, le numéro 4 peut-être au critique Frédéric Lefevre (à moins qu'il ne s'agisse d'un H.C. ?),  le numéro 5 à Lucien Descaves, le numéro 7 serait sans envoi, le numéro 8 à Roland Saucier, directeur de Gallimard, le numéro 9 à J. David, et le numéro 10 à Gaston Roussel des laboratoires du même nom.

Certains Hors Commerce sont connus dédicacés : à René Gaffé, à Jean Ajalbert, au critique Frédéric Lefevre (si ce n'est pas le n°4), à Robert Beckers collaborateur de Denoël, à Max Dorian, à Max Descaves, à Gaston Chéreau, à Bernard Steele, et à Madame Lucien Descaves.

Il est amusant de savoir que Gaston Chéreau, membre du jury du Goncourt, n'a pas voté en faveur de Céline, mais qu'il avait tout de même reçu un précieux exemplaire du roman, probablement avant le vote... Comme quoi cela ne suffit pas pour avoir une voix !

  Les 100 autres numérotés, imprimés sur le second grand papier portent au dos la mention "ALFA" :


La dernière de couverture est vierge de toute publicité contrairement aux tirages sur papier d'édition :



La numérotation se situe sous la justification, manuscrite et à la plume :



  Une curiosité supplémentaire se remarque sur ces exemplaires sur Alfa, au bas de la même page, où l'on peut voir que la date 1932 du copyright est incomplète :


 Ou parfois, complétée à la plume !



  Mais on sait qu'il existe là encore, en plus de ces 100 numérotés, un certain nombre d'autres exemplaires, eux aussi imprimés sur Alfa, mais qui sont soit non justifiés comme celui dédicacé à André Gide et vendu récemment par Pierre Bergé, soit Hors Commerce ! Ce qui ferait environ 150 sur Alfa.


Certains sont marqués d'une lettre de A à Z. Ce qui en fait déjà 26 !
Celui de René Louis Doyon est marqué de la lettre " K ".
Je n'ai jamais eu de confirmation de l'existence ce ces 26 là...

D'autres ne seraient porteurs que de la mention manuscrite "H.C." à la plume.
Comme, paraît-il, ceux de Léon Hénnique, de Gaston Picard, fondateur du prix Renaudot, et de J. H. Rosny jeune (dont le vrai nom est Séraphin Justin François Boex !).

Et encore d'autres sont nominatifs, comme celui de Jean Ballard, fondateur des Cahiers du Sud : 


Connus également pour le Docteur Henri Villette, pour Monsieur et Madame Arnold, et pour Monsieur Romuald Gallier.


  C'est dans ce groupe varié d'exemplaires " Hors Commerce " sur Alfa que l'on connait l'existence des exemplaires suivants, dédicacés ou non. 
Ce sont ceux, entre autres vraisemblablement, de Charles Dullin, de Victor Moremans, de Georges Pitoeff, de Madame G. Chiris, de Léon Deffoux, de Jean de Bosschère, et de Florent Fels.


Bien entendu ces chiffres restent approximatifs. Mais on ne doit pas être bien loin de la vérité.
Il est inévitable que les aléas de la vie en aient fait disparaître plusieurs, hélas... La seconde guerre mondiale a bien dû en faire brûler quelques uns, volontairement ou non !... D'où leur rareté.

 Voici en tout cas ce que j'ai pu répertorier.
Avec de possibles erreurs dont je vous prie de m'excuser. 
Mais la tâche n'est pas si facile !
Un certain secret entoure ces livres rarissimes et précieux...

Tous les commentaires, ou renseignements utiles sont les bienvenus !


samedi 16 janvier 2016

Les fameux feuillets "in fine"


  C'est en découvrant la bibliographie de Dauphin et Fouché montrée plus haut, que ma curiosité a été attirée, et que l'envie m'est venue d'en savoir plus sur la sortie de ce roman qui restera l'un des plus célèbres si ce n'est le plus marquant du XXème siècle.

Au chapitre consacré à ce roman, les auteurs distinguent pour l'année 1932 :
- le tirage de tête sur deux grands papiers, vendus 40 F. sur Alfa,  et 90 F. sur Arches
- le tirage ordinaire, vendu 24 F.
- et les réimpressions, nombreuses et successives, d'abord par la grande imprimerie de Troyes, puis par l'imprimerie française de l'édition

  J'avais déjà bien compris tout seul que mon exemplaire ne faisait pas partie d'un des rares grands papiers : en effet, son papier est de piètre qualité, il n'est pas numéroté, et le prix figurant au dos est bien 24 Francs :



  Cependant, les mêmes auteurs décrivent l'existence d'un cahier hors texte de huit pages d'annonces des éditeurs, qui serait présent à la fin des exemplaires du tirage ordinaire, et de ceux des réimpressions. 
Cahier tiré sur du papier gris-bleu pour les premiers, et sur du papier vert pour les seconds.

  Le souci, c'est que le mien ne contient aucune page d'annonce à la fin : ni grise, ni bleu, ni verte !
Rien de rien, in fine !

Mon père m'apprit alors que très souvent les relieurs profitaient de l'occasion qui leur était donnée de "découper" un livre, pour en retirer les feuillets publicitaires éventuels, et que cela devait certainement être le cas du sien. D'ailleurs, les voici, ces huit feuillets, sur papier gris-bleu

     
 

Ce qui n'était pas décrit, c'est que ceux sur papier vert sont tout à fait différents, avec d'autres publicités :

       Voici la page 1 : 
:
      et la page 8 : 

Mais alors, sans la présence de ces feuillets, comment être sûr qu'il s'agisse bien d'un exemplaire du premier tirage, et non pas d'une réimpression ? 

Certaines réimpressions auront même par la suite encore d'autres feuillets, imprimés eux sur papier rose :



Certes, d'après les auteurs, l'on peut toujours se fier à l'absence de toute mention d'édition, en haut et à droite, sur la première page de couverture. Comme celle-ci par exemple :


OUF ! mon livre, lui, n'en comporte pas : c'est bon signe ! D'ailleurs, il parait que ces numéros d'édition sont tout à fait fictifs, et ne correspondent absolument pas à la réalité... 
Mais, hélas, cela n'est pas suffisant ! 

Contrairement à la description qu'en font ces auteurs, au paragraphe des réimpressions, il en existe bel et bien qui ne comportent aucune mention d'édition. 
Aussi bien pour la grande imprimerie de Troyes que pour l'imprimerie française de l'édition !
Les exemplaires issus de cette dernière sont facilement reconnaissables car ils comportent au bas de la dernière page du texte, l'indication suivante :
Réimprimé en offset par l'imprimerie française de l'édition
12 rue de l'abbé de l'épée - Paris V° 
Ce qui est également mentionné au bas de la dernière de couverture.


  Par ailleurs, il est assez facile de "grattouiller" habilement ladite mention d'édition. Quelques petits malins ne se sont pas gênés pour tenter de la faire ainsi disparaître, dans le but de faire croire à un premier tirage... 
On trouve assez souvent de tels exemplaires trafiqués. 
Attention à ne pas vous faire avoir !

En résumé :
Si je ne me trompe pas, c'est à dire si personne ne vient me contredire :

- le premier tirage ordinaire comporte les feuillets sur papier gris-bleu
Il en existe trois versions en fonction de la présence de deux, d'un seul, ou de l'absence de "M" inversé.

- la réimpression par la grande imprimerie de Troyes, avec ou sans mention d'édition, comporte les feuillets sur papier vert. Les deux "M" y ont été corrigés. Ce qui est logique puisqu'elle fait suite au premier tirage.

- la réimpression par l'imprimerie française de l'édition, avec ou sans mention d'édition, comporte les feuillets sur papier vert. Les deux "M" y sont inversés. Ceci étant certainement dû au fait que la technique de l'offset a été appliquée à partir d'un exemplaire du tout premier tirage.

- le tirage de tête, sur les deux grands papiers, ne comporte quant à lui jamais lesdits feuillets publicitaires. 
Je crois bien que tous doivent comporter le fameux "jaXais" à la page 32. 
Les deux "M" y ont été souvent corrigés. 
Un seul Hors Commerce m'a été signalé avec le "m" de moyen inversé page 150...

- Enfin, un grand libraire, Alain Nicolas, écrivait en 1999 à propos de l'édition originale : 
"Les exemplaires du service de presse sont les seuls, avec les grands papiers, à ne pas comporter à la fin les feuillets du catalogue éditeur".  Certains pensent pouvoir les identifier lorsqu'ils sont porteurs, au niveau de leur dernière couverture, de la marque suivante, apposée au tampon, à l'encre violette ou noire :

             

J'ai effectivement un exemplaire portant cette marque, et sans aucun feuillet.

  Sur certains exemplaires (au nombre de 200 peut-être ? ) on trouve sur le dos, à la place du prix, la mention "Service de Presse" : comme ça au moins c'est clair !

 Il n'y a pas de mention d'édition sur la couverture, aucun des feuillets in fine, mais on y retrouve en revanche 
- soit le 1er "m" de moyen à l'envers page 150 
- soit les deux "m" l'envers 


Tout ceci semble bien compliqué.
Cela donne un peu le vertige. 
Tout comme cette exceptionnelle reliure !


vendredi 15 janvier 2016

Au fil des mots...


  Ma lecture attentive du roman qui était ainsi devenu mon livre de chevet durant cette période de ma vie, m'a permis de relever quelques erreurs de typographie. Je crois que certaines d'entre elles seraient qualifiées de "coquilles" par les spécialistes, et que d'autres ont peut-être été bel et bien voulues par l'auteur...

  Ceux qui ont parcouru également mon autre "blog" concernant les Timbres au type Semeuse, savent que je suis philatéliste, et ne s'étonneront pas que mon œil ait été attiré par ce qui suit.
Ce qui est plus étonnant, c'est que j'aie visiblement été le seul à l'avoir remarqué !
En tout cas le premier, si ce n'est pas le seul.
Ce qui m'autorise à parler ici librement de mes découvertes et observations concernant les premiers tirages de cet ouvrage.
Il me faut reconnaître qu'internet m'a bien aidé, et que les autres bibliophiles intéressés par le sujet (et probablement plus âgés que moi) n'avaient peut-être pas eu accès aux mêmes données que celles qui m'ont permis d'y voir un peu plus clair...

  J'ai bien entendu puisé sur le web beaucoup d'informations, et pioché allègrement parmi les images qui y sont publiées, images que je me suis ensuite autorisé à reproduire. Que les heureux propriétaires des livres en question ne m'en tiennent pas rigueur, et qu'ils en soient remerciés !

   Passons en vitesse sur la plus connue, repérée depuis longtemps, et déjà citée, de la page 59 :



Elle a été corrigée en 1933. Je ne saurais être plus précis puisque je me suis limité aux tirages de 1932 qui eux, bien entendu, se doivent tous de la comporter.
Reconnaissons que lire Pasteur au lieu de passeur ne saute pas immédiatement aux yeux de tous, et ne choque pas franchement ! On se demande juste ce que vient faire là un Pasteur.
C'est probablement en lisant le manuscrit que cette erreur a été révélée, mais nous en reparlerons...

  En revanche, à deux reprises dans l'exemplaire que j'avais entre les mains, aux pages 150 et 541, une lettre se retrouve imprimée à l'envers !
Il s'agit de la même lettre "m", appartenant respectivement aux mots moyen et de méthodiques :


page 150

page 541
Étonnant, non ?
A votre avis, est-ce volontairement que le typographe a placé ainsi
ce caractère, ou bien est-ce une erreur passée inaperçue ?
Aucune idée !


  Encore plus surprenant, à la page 32 d'un autre exemplaire, acheté bien plus tard par mes soins, on trouve un "X" majuscule, venu se substituer à un autre "m", celui du mot jamais !


Incroyable, non ?
Sûrement encore un coup de M le maudit, sorti par Fritz Lang l'année précédente...


  J'ai également relevé par ci par là ce qui ressemble bien à des fautes d'orthographe:

page 177

page 466

 page 556

Ainsi que cette dernière, peut-être voulue par Céline ? :

page 340


  Il ne s'agit là que de fautes, et il semble qu'on les rencontre sur tous les exemplaires de 1932. 
En tout cas sur tous ceux imprimés sur papier d'édition. A confirmer.
En ce qui concerne les grands papiers, je ne peux pas me prononcer. 
Car le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on n'en croise pas dans toutes les librairies...

  Mais le plus intéressant dans tout ça, c'est que 
les "m" inversés ne se rencontrent pas sur tous les tirages ! 

Parfois les deux "m" sont à l'envers.
Parfois seulement celui du mot moyen.
Alors que parfois aucun des deux ne l'est !

 On pourrait penser (et ce serait tout à fait logique) qu'au fur et à mesure des tirages, quelqu'un ait fini par s'apercevoir de la présence de ces satanés M en forme de W.
Le typographe ayant alors pris le soin de les corriger, l'un puis l'autre.

Ce qui laisserait penser que le tout premier tirage doit comporter les deux "m" à l'envers.
Puis l'on a dû corriger celui de la page 541, et pour finir corriger l'autre à la page 150.
Il ne serait en effet venu à personne l'idée de faire l'inverse. C'est à dire d'introduire des erreurs au fur et à mesure des tirages. Alors que leur correction semble absolument logique !
Non ? Qu'en pensez-vous ?

Hélas, là où ça se complique, là où mon raisonnement trébuche, c'est à cause de la découverte de ce maudit  " jaXais " de la page 32.
Je ne l'ai pour l'instant rencontré que sur mon exemplaire ayant les deux M corrigés, bien à l'endroit !
Et pas sur celui avec une seule correction, ni sur celui non corrigé !
Alors qu'ils ont bien dû être imprimés avant !

Quelle curieuse initiative d'aller remplacer ce "m" de jamais par un "X", en caractère majuscule qui plus est ?
A croire que cela a été fait exprès !
Et pourquoi donc ? Pour attirer l'attention, vous croyez ? Allez savoir...
Mystère !
Page 32, comme 1932 : une piste, vous croyez ?

Surtout que l'on m'a déjà signalé ce même curieux "jaXais" sur quatre exemplaires imprimés sur Alfa (trois numérotés et un hors commerce) qui ont eux aussi les deux M corrigés !... 
Mais ce n'est peut-être pas le cas de tous, nous en reparlerons...

Je vous avais prévenu.
Il s'est passé des choses vraiment bizarres cette année-là à la grande imprimerie de Troyes.
Et ce n'est pas fini...

( Mention figurant à la dernière page de tous les premiers tirages ) nu