Nombre total de pages vues

mercredi 13 janvier 2016

C'était en 1932 !


  Je n'avais qu'une vague notion du personnage sulfureux qu'était Céline. Jamais lu un de ses livres. J'ignorais tout du ramdam qu'avait occasionné la sortie de son premier roman en octobre 1932.

 J'ai malgré tout demandé à pouvoir m'attaquer au fameux exemplaire de la collection paternelle.

  Le bibliophile propriétaire m'a confirmé qu'il s'agissait d'une oeuvre remarquable, à lire absolument, et m'a expliqué que le prix Goncourt avait failli de peu lui être attribué cette année-là. Au profit d'un autre roman, bien moins célèbre et moins révolutionnaire que celui de Céline, pour ne pas dire bien moins bon. A cause de magouilles, parait-il. Bizarre !
Du coup, il a dû se contenter du prix Renaudot.



  Déjà, bien avant d'en avoir lu la première page, ce livre m'intriguait. Par ailleurs, l'exemplaire que je m’apprêtais à lire datait de l'année de sa parution. " C'est l'édition originale, avec une belle reliure. Manipule le avec précaution ! " me conseilla mon père.
Pas de souci. Je savais que les éditions originales étaient souvent précieuses. Mais je ne me doutais pas encore que celles de ce roman l'étaient tout particulièrement, ni qu'elles recelaient bien des mystères. Je n'étais pas le seul à l'ignorer...

  Mon père, médecin lui aussi, qui voyait approcher l'échéance de ma soutenance de thèse, m'a également appris que le futur Docteur Destouches en avait fait une, de thèse, tout aussi remarquable que son premier livre, concernant ce que l'on appelle aujourd'hui les infections nosocomiales.
Moi qui n'avais pas encore choisi de sujet pour la mienne !...
Je l'ai lue par la suite : brève, mais très intéressante, je vous la conseille !
Il y est question d'un chirurgien hongrois travaillant dans les années 1850 à Vienne.
P.I. Semmelweis.
C'est grâce à lui que depuis, on trouve tout à fait normal de se laver les mains avant d'examiner les malades ! Dire qu'il a eu le plus grand mal à convaincre ses collègues et maîtres de l'époque !
Et que cela lui a valu de passer pour un illuminé, jusqu'à ce que sa thèse apporte la démonstration scientifique qu'il avait bel et bien raison !...

  Mais revenons à notre sujet, ma rencontre avec Voyage au bout de la nuit.
Il me faudra pas mal de soirs sous la couette, pour arriver au bout de ces 623 pages d'anthologie, mais si je m'endormais, c'était de fatigue que se fermaient mes yeux. Pas d'ennui, loin de là !
Que dire de cette écriture qui n'ait pas déjà été dit ? Rien !
Les qualificatifs me manquent.
J'étais et je reste, 25 ans et deux ou trois relectures plus tard, toujours sous le charme.
Là encore, je ne suis pas le seul...

  Au cours de mes lectures, je m'étais amusé à noter quelques anomalies d'impression ou de typographie. En me documentant, j'appris que l'une d'entre elles était connue et répertoriée.
Il s'agit d'une erreur à la page 59 : la maison du Pasteur avait remplacé par mégarde la maison du passeur dans les premiers tirages. Erreur qui fut corrigée par la suite.
Je vérifiai que mon exemplaire comportait cette erreur : et oui, c'était bien le cas !
Mais il y en avait d'autres.

  Il faut dire que le succès du livre fut très important dès sa sortie, et que le prix qui lui a été attribué, tout comme le fait d'avoir manqué de peu le Goncourt, ont vite nécessité de plus grands tirages que ce qui avait été initialement prévu par l'éditeur Denoël !
Céline étant tout à fait inconnu du milieu littéraire avant tout ça, les premiers tirages du commerce étaient assez restreints.
On parle de 3000 exemplaires. Imprimés par la Grande Imprimerie de Troyes. Vendus 24 francs.

  Comme cela est précisé au début de l'ouvrage, quelques exemplaires destinés à l vente ont été tirés sur grand papier et numérotés : sur vergé d'Arches et sur Alfa, constituant l'édition originale. Au nombre de 110, soit disant...



  Le souci, c'est que celui que j'avais entre les mains n'était pas numéroté, alors que mon père m'avait pourtant bien dit qu'il s'agissait de l'édition originale. Cela m'a intrigué.
Se serait-il trompé ?
Ou bien se serait-il fait abuser par celui qui le lui avait vendu (assez cher) ?

That is the question !

Alors j'ai essayé d'approfondir la question auprès de spécialistes.
On m'a conseillé de me reporter à un ouvrage qui faisait référence en la matière :


Et c'est là que j'ai compris que tout ça était en fait bien compliqué ! Pas clair du tout !
Pas facile d'identifier les premiers tirages !
Bien plus compliqué même que ce que ces auteurs décrivent !

Je vais essayer d'être le plus clair possible, mais je ne vous promets rien...
Et en plus, je peux me tromper !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire