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jeudi 9 juillet 2020

Précisions


  Lorsque j'avais abordé en janvier 2016 le sujet des grands papiers, j'avais commis une erreur à propos des plus prestigieux exemplaires, imprimés sur Arches :   (erreur corrigée depuis)

- il en existe bien 10 exemplaires numérotés de 1 à 10 qui ont presque tous été identifiés, nous l'avons vu récemment. On peut les reconnaître facilement à leur dos, si on a la chance d'en croiser un...
Celui-ci porte en effet la mention VERGÉ  D'ARCHES :

 Le n°2 qui aurait appartenu à Léon Daudet
(Librairie Hérodote - Paris)

- et vraisemblablement 10 ou 13 exemplaires hors commerce, non numérotés dont le dos quelque peu différent, porte au même endroit seulement la mention ARCHES :



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     En ce qui concerne à présent les exemplaires imprimés pour le Service de Presse  (sur papier d'édition), j'écrivais récemment, en me fiant au document des archives de l'éditeur, qu'ils avaient été les tout premiers imprimés, et qu'ils comportaient tous logiquement les deux caractères M inversés, aux pages 150 et 541, car j'en avais enfin vu un de mes yeux vu...


  Et bien, NON : un correspondant m'a contacté pour me faire part de l'existence d'un exemplaire en sa possession, qui ne comporte qu'un seul M inversé, celui de la page 150 !

Peut-être en existe t'il même avec les deux M corrigés, qui sait ?

  Décidément, les débuts du Voyage étaient  bien mouvementés !...

J'ai bien peur que l'on ne sache jamais la vérité : 

- y a t'il eu plusieurs tirages pour le Service de Presse ? Sans, puis avec correction du ou des M ?
Ce qui pourrait se comprendre au vu du succès rencontré par le roman, et de l'intérêt que lui ont porté les journalistes littéraires de l'époque.

- ou bien a t'on pioché au fur et à mesure des besoins dans les premiers tirages (avec leurs 3 versions) pour les parer de la couverture spécialement marquée Service de Presse en lieu et place de celle avec le prix 24 francs ? 
Sans bien entendu se préoccuper de cette fameuse inversion des M, dont personne ne s'était jamais soucié jusqu'à ce que je m'y intéresse !


  *******

  Et j'imagine que si l'on s'intéresse de près aux exemplaires sur Alfa, cela ne fera que nous embrouiller encore plus ! Entre les 100 exemplaires numérotés de 11 à 110, les divers hors commerce, et ceux imprimés spécialement pour, je suis certain que l'on doit trouver là encore des différences...

vendredi 19 juin 2020

En attendant le Voyage...


  Depuis la fin de 1931, celui qui se fera appeler Céline avait pris contact avec la maison d'édition Gallimard dans l'espoir de faire publier son roman. On se souvient encore de sa célèbre et audacieuse lettre du mois d'avril 1932, accompagnant l'envoi de son manuscrit à la N.R.F.

   Il a dû s'impatienter, trépigner, puis se vexer devant ces mois d'hésitations...

   Ensuite, on sait que le manuscrit de Voyage au bout de la nuit a été déposé chez Denoël le 15 juin 1932, et que le contrat d'édition a été signé le 30. Le jeune éditeur ayant su saisir l'occasion, et vite !
En septembre, le roman était encore à la composition, pour une parution vers le 15 octobre.

Connaissant le caractère de celui qui n'était encore que le Docteur Destouches, les semaines ont dû être longues cet été-là !
Il a déjà 38 ans...

La France tente de se relever doucement de la crise qui a fortement secoué la planète.
En Allemagne, on propose à Hitler d'entrer au gouvernement.
Bref... ça roule !

  Depuis 1929, notre futur Céline vit à Montmartre avec Elisabeth Craig, une danseuse américaine à qui il a d'ailleurs tenu à dédier son premier roman.


Il exerce tant bien que mal la médecine générale en banlieue, mais sans beaucoup d'entrain ni grande satisfaction.
Le "roman du siècle" lui trotte dans la tête depuis longtemps. Il écrit beaucoup...

Louis-Ferdinand
Elisabeth

 Leur domicile était situé en haut de la rue Lepic, au numéro 98. 
C'est là que son chef d'oeuvre est né. Cela lui aura pris 3 ans environ.

Sa fille unique, Colette, séjourne souvent avec eux, et a du mal à dormir à coté de son père, car il écrit la nuit (partout, sur les murs parfois) tout en parlant à voix haute !


Peut-être a t'il croisé ou même connu le peintre Maurice Utrillo qui a si souvent peint ce quartier artistique de Paris ?


 L'immeuble est situé juste en face du célèbre moulin de la galette immortalisé par Renoir, où il doit bien s'encanailler de temps en temps.
Le voici vu de la rue Girardon, qui est perpendiculaire à la rue Lepic :



Et de nos jours, le coin n'a pas trop changé !

En 2020

  La chronologie de La Pléiade fait état d'un séjour en Bretagne au cours du mois d'août 1932, jusqu'au 25. Probablement en a t'il profité avec sa fille, née de son mariage avec Edith Follet, originaire de Rennes. Celle-ci avait demandé et obtenu le divorce 6 ans auparavant.


 Colette, alors âgée de 12 ans, séjourne à l'hôtel Bellevue, 
situé au nord de Brest, à l'Aber-Wrach plus exactement :


Son père, revenu à Montmartre, lui écrit tantôt, à cette adresse les pieds dans l'eau...


L'endroit est resté lui aussi pratiquement le même depuis :


 Vu du ciel, on comprend mieux le nom de cet hôtel, faisant face à l'Atlantique :


C'est cette jolie lettre qui nous a permis de reconstituer l'histoire en images :


Ceux qui ont eu la curiosité de visiter mon autre "blog" savent que je suis également philatéliste, collectionneur des...

Ils comprendront facilement le plaisir que j'ai eu à la dénicher !
Et à vous en faire profiter.

  Non seulement c'est la seule lettre de lui que j'ai pu voir ainsi affranchie avec un de mes timbres favoris, mais également la seule de Céline à sa fille, datant cette époque.
J'ai retrouvé sur internet trace d'une interview au cours de laquelle elle regrette à posteriori de n'avoir conservé aucune archive de son père d'avant la guerre.

  Par ailleurs, l'écrivain n'ayant bien entendu connu le succès qu'après la sortie du roman, ses courriers antérieurs à cette date sont bien moins fréquents que ceux qui ont suivi.
On peut même dire qu'ils sont rares.

  Celle-ci a été postée tout près de son domicile, place des Abbesses, le 30 août 1932 à 18 h. 45, et est bien arrivée à l'Aber-Wrach (Finistère) le 1er septembre au matin :


Il s'agit d'une carte-lettre, ce qui fait que le texte et notre Semeuse sont restés inséparables depuis toutes ces années. Eut-il utilisé une enveloppe et du papier libre pour lui écrire, que cela n'aurait pas été le cas... Quelle chance pour moi !


Il répond à sa fille : "Mon mimi".
Imaginons la carte postale qu'elle avait dû lui adresser de son joli coin de Bretagne...

Il se plaint de la canicule.

Il parle de sa mère à lui (Marguerite, alors âgée de 64 ans) qui n'a pas réussi à louer un appartement...
Elle était veuve depuis le mois de mars. C'est le prénom de sa grand-mère, la mère de Marguerite, qu'il a choisi comme pseudonyme : Céline.

Il laisse deviner les difficultés financières auxquelles il doit faire face.

Il évoque Ludwik Rajchman qu'il considère comme son maître, à qui il doit beaucoup.

Et il signe "Ton papa / Louis"


Le Docteur Rajchman l'avait fait venir à ses cotés à Genève dès 1924, 
pour travailler au sein de la section hygiène de la Société Des Nations.
Il sera après guerre le fondateur de l'UNICEF.

  De nombreuses missions à l'étranger pour la S.D.N. ont ainsi permis au Docteur Destouches de parcourir le monde avant de devenir l'écrivain Céline.
C'est aussi à Genève qu'il a rencontré Elisabeth Craig.

*****

  Entre les lignes assez touchantes de ce courrier, on retrace une période importante de la vie de l'auteur de notre roman préféré, juste avant qu'il ne bouleverse le monde littéraire. 
Et on croise des personnages qui comptent vraiment pour lui en cet été 1932.

*****

  Colette Destouches (épouse Turpin) a longtemps vécu à Lannilis, tout près de l'Aber-Wrach. 
Elle y est décédée en 2011 à l'âge de 91 ans, et y repose à jamais.



dimanche 1 mars 2020

La recherche se poursuit


  Décidément, l'année 2020 s'annonce bien pour mes étagères et pour mon blog qui m'a permis de nouer quelques contacts intéressants ! Les deux s'enrichissent doucement mais sûrement.

  J'ai pu ainsi ajouter à mon article précédent quelques images supplémentaires d'envois prestigieux signés Louis Céline.

Aussi j'en profite pour passer ici une ANNONCE :

  J'aimerais trouver à présent, à un prix correct, un exemplaire broché en bon état :

- de la troisième version du premier tirage de la Grande Imprimerie de Troyes, la moins rare,

- sans mention de numéro d'édition sur la couverture en haut à droite,

- avec les feuillets bleus datés à la fin,

- et avec les 2 fameux M corrigés, bien à l'endroit, aux pages 150 et 541.

  MERCI de me contacter si vous en croisez un !

  

samedi 11 janvier 2020

Du nouveau... enfin !


  Déjà plus de trois ans se sont écoulés depuis ma dernière publication !
Fichtre, comme le temps passe...

Non pas que j'aie cessé de m'intéresser aux circonstances de la publication  de ce roman, ni qu'il ne soit plus mon préféré, ni que j'aie fini par laisser tomber devant toutes ces interrogations sans réponse, mais plutôt parce que je n'avais rien de vraiment nouveau à apporter au débat.

Encore que pour débattre, il faut au moins être deux, et il faut bien reconnaître que pas grand monde jusqu'ici n'a jugé bon d'entrer en contact avec moi pour partager ses connaissances.
A part deux ou trois amateurs comme moi, que je remercie.

Il suffit, je vous le rappelle, de cliquer au bas, sur "Aucun commentaire" pour nous joindre.

Alors, je relance, avec trois "nouveautés" pour cette nouvelle année !

  J'aurais bien aimé vous apporter quelques précisions sur les fameux exemplaires sur alfa (après lesquels je ne suis pas le seul à courir), surtout que j'ai bien cru en attraper un en 2019 : figurez-vous que celui que je pistais depuis plusieurs années, se nichait dans la collection d'un bibliophile qui avait hélas décidé de le conserver jusqu'à sa mort.
Comme "la vie c'est ça, un bout de lumière qui finit dans la nuit", la sienne a fini par s'éteindre, et j'attendais, frémissant, la mise en vente de sa collection. Faute d'héritier, il avait laissé des consignes pour que le profit de cette vente aille à la fondation de Brigitte Bardot. Ça tombe bien, j'adore les animaux, et j'étais bien décidé à faire un beau geste !

Faut dire qu'il était séduisant ce numéro 54, non coupé, bien conservé, "tel que paru" !



  Le jour des enchères, bien évidemment inscrit pour y participer, je m'étais libéré pour être certain de ne pas être dérangé au mauvais moment, avec 2 connexions internet simultanées fibre + 4 G pour parer à toute éventualité.

Je me doutais bien que je ne serai pas le seul sur les rangs, mais comme il y avait dans la même vente un autre exemplaire du Voyage, encore plus exceptionnel, hors-commerce, et comme il se vendait juste avant ce 54, je m'imaginais que les enchérisseurs se battraient plutôt pour celui-ci, et que l'autre du coup, serait abordable...
Il n'en fut rien ! Le hors-commerce se vendit "assez mal", et l'autre "trop bien" pour moi !
C'est même le plus cher de tous les alfa brochés numérotés que j'ai vu se vendre...
Ma limite et mon budget ont été largement dépassés, tant pis !

 Cela m'a juste permis de confirmer que, jusqu'à preuve du contraire, tous les exemplaires comme celui-ci ont bien les deux fameux M corrigés bien à l'endroit aux pages 150 et 541, et le mystérieux jaXais page 32.
Ils sont toujours dépourvus des feuillets de l'éditeur in fine, leur dernière couverture est vierge, et leur dos porte la mention ALFA. On sait que leur prix était de 40 francs.

*****

   En avril, un "chercheur" a publié dans "Histoires littéraires", une étude concernant les exemplaires sur Arches (les plus prestigieux - vendus 90 francs), dans laquelle il serait parvenu à identifier la plupart des dix numérotés (sauf le n°6). On ne les connaissait pas tous jusqu'alors.

Voici ce qu'il en est d'après lui :

n°1 : anonyme, vente publique 2013
n°2 : à Léon Daudet, sans envoi, vente 2008
n°3 : à Victor Brayat, ventes publiques 1962+2001
n°4 : à Frédéric Lefevre, vente publique 2004 (mais serait peut-être un HC et pas n°4 ?)
n°5 : à Lucien Descaves
n°6 : mystère ?
n°7 : sans envoi, collection privée
n°8 : à Roland Saucier, ventes publiques 2003+2007+2014
n°9 : à J. David, amateur Bruxellois
n°10 : à Gaston Roussel (des laboratoires), catalogue Paul Bonet 1934

Ceux-ci, je vous les laisse volontiers, vu leurs prix astronomiques, mais si vous avez des infos complémentaires, des prix, des photos, ça m'intéresse +++ et ils sont les bienvenus !

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  Enfin, j'ai pu récemment approcher un des non moins fameux exemplaires du Service de Presse, connus au nombre de 200 (c'est le quatrième que je vois) :


Ce qui me permet d'affirmer qu'ils sont bien sans les feuillets de l'éditeur in fine, sans aucun prix au dos, et surtout, qu'ils comportent bien EUX les deux M à l'envers aux pages 150 et 541, alors qu'on m'avait dit le contraire ! En revanche, pas de jaXais à la page 32, correctement écrit "jamais". La dernière couverture est imprimée comme celle des premiers exemplaires sur papier d'édition.

Evidemment, TOUS (Arches, Alfa, Service de Presse) sont issus 
de la Grande Imprimerie de Troyes, en 1932

Mais d'après les archives de Denoël, les 200 premiers à avoir été tirés, le mercredi 12 octobre 1932, sont ceux du Service de Presse. Maintenant que je sais que les deux M y sont à l'envers, cela colle parfaitement et logiquement. CQFD.
Dans les jours qui suivent seront imprimés ceux destinés à être commercialisés (y compris les grands papiers), la date de parution du livre étant le 15 octobre.
D'abord avec les deux M à l'envers, puis avec un seul (celui de la page 150), puis avec les deux corrigés.


Reste le mystère du X de jaXais, page 32, que je ne m'explique pas !
Vu sur les alfa, sur certains ordinaires sans mention d'édition
ou avec mention de 9ème édition, qui ont tous leurs deux M corrigés. 
Ceci veut dire que l'on a volontairement placé ce X à cet endroit,
puisqu'il n'existe pas sur les tout premiers tirages !

*****

  Cerise sur le gâteau (des rois) : j'ai eu le plaisir d'apprécier sur ce dernier exemplaire, le précieux envoi que voici :



  D'ailleurs, il semble que cette signature Louis Céline soit celle qu'utilisait l'auteur, alors inconnu, à l'époque de la sortie du roman qui fera sa gloire (il en a changé par la suite).

En voici d'autres exemples contemporains, plus ou moins illustres, trouvés sur le net :































Ce dernier envoi sur un exemplaire du Service de Presse a été « anonymisé » !

 


De quoi se faire une jolie bibliothèque !