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mercredi 29 décembre 2021

"Eh bien ! Je joue du cornet à piston"

 

  Vivement que 2021 se termine !

Maudite année au cours de laquelle deux magnifiques exemplaires sur Alfa me sont passés sous le nez, juste assez près pour susciter encore plus d'envie, mais vendus suffisamment chers pour que la raison l'emporte une fois de plus...

  Gallica m'a permis de retrouver et de vous montrer cet article de "Paris Soir", en date du 10 novembre 1932, date à laquelle presque personne encore ne connaissait ni Céline ni son Voyage.

Je vous laisse apprécier :



jeudi 24 juin 2021

Vive le printemps !

 

   Serait-ce un des effets bénéfiques encore méconnu de la COronaVirus Infectious Disease ?

   Quelques anciens bibliophiles auraient-ils tristement cassé leur pipe ?

Toujours est-il que malgré une météo particulièrement exécrable, et comme les cerisiers du Japon, ce printemps a vu éclore en quelques semaines seulement, pas moins de quatre magnifiques exemplaires de tête du "Voyage" mis en vente, un peu comme s'ils avaient été "déconfinés" (pour reprendre une expression à la mode) ! 

- un exemplaire hors commerce nominatif sur alfa, avec un envoi à René Arnold, et une vilaine tête de mort sur sa reliure (il est resté invendu),

- deux des 100 numérotés sur alfa : un broché superbe et un bien relié,

- et l'exceptionnel exemplaire n°9, sur vergé d'Arches !

  Du coup, cela m'a donné envie de publier quelques nouveautés. Rien de bien extraordinaire, me direz-vous, mais quelques documents que je suis bien content d'avoir trouvé (sur internet : Merci Gallica !) et de belles images que, personnellement, je n'avais jamais vues.

  En préambule, je vous signale un remarquable mémoire d'histoire politique soutenu en 2013 à l'université de Lyon, dans laquelle son auteur, Thomas Choury, nous fait partager son approche originale, parfaitement documentée et très poussée de notre roman préféré. 

Une lecture que je vous recommande !

"Histoire d'un livre"

  Ensuite, voici la toute première (je crois bien) annonce parue dans la presse, 5 jours à peine après la sortie du livre qui date du 15 octobre 1932 :

Journal "Candide" du 20 octobre
(Moi, je l'aime)

Et une autre en date du 29 octobre, dans "Aux écoutes" :



Je vous laisse également apprécier l'élogieuse chronique de Jean Pallu, publiée dans "Cahiers du sud" dès le 1er novembre  (cliquez SVP sur les pages pour zoomer) :





  Ce qui est remarquable, c'est bien entendu que le roman fraîchement paru n'avait pas encore eu le temps de faire parler de lui, pas plus que son auteur jusque là simple médecin de banlieue, et parfait inconnu du monde littéraire.

Cependant, le 16 novembre, il écrit à Pierre Descaves, fils de Lucien membre de l'académie Goncourt :
"je commence à considérer que je ne suis plus tout à fait un homme anonyme"


Et il signe encore Louis Destouches.

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Le mémoire de Mr Choury retrace admirablement les péripéties du vote du 7 décembre, et de l'agitation du milieu littéraire qui s'en est suivie, à l'origine du succès que le livre a ensuite connu.

   C'est en effet ce jour-là que le prix Goncourt a échappé à celui qui se fait désormais appeler Céline, et qui a dû se contenter du prix Renaudot. 

L'auteur a trouvé sa nouvelle signature, celle qu'il utilisera pour ses envois sur les premiers parus :



"Comoedia" du 8 décembre

Les 3000 exemplaires du premier tirage par la grande imprimerie de Troyes ne sont pas encore tous vendus, mais Denoël flaire le bon coup de pub, et en commande déjà d'autres à l'imprimerie française de l'édition...

  C'est Merry Bromberger qui le premier va retrouver celui qui se cache derrière ce pseudonyme, et publier son premier interview, sans pour autant dévoiler son nom :

"L'intransigeant" du 8 décembre


Le même journal semble ensuite se réjouir le 9 décembre de la "victoire" de Guy Mazeline :



La revue "Monde" publiera en revanche le 10 décembre un bel article intitulé 
"Les Goncourt avaient un grand livre, ils ne l'ont pas choisi" 



A l'inverse, André Rousseaux s'emporte un peu dans "Le Figaro" du même jour, et le qualifie quant à lui de "livre horrible"  en précisant que "ce n'est pas de la littérature" !


On voit déjà que le livre divise : partisans et opposants s'expriment dans la presse, principal média de l'époque, et le ton va encore monter...

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  Lisez donc à présent cette tribune de Max Descaves, un autre fils de celui qui fut le plus ardant défenseur du "Voyage", et l'un des 3 membres du jury du Goncourt à lui avoir conservé sa voix, avec Daudet et Ajalbert. Tous les trois recevront d'ailleurs un prestigieux exemplaire sur Arches.

Parue dans "VU" le 14 décembre, une semaine après l'attribution du prix.

On y retrouve une reproduction de l'image aujourd'hui célèbre du maréchal des logis Destouches à 20 ans, pendant la guerre, lors du fait d'armes qui lui valut sa fameuse blessure, et une médaille.

"L'illustré national" - 1915

Quelques jours plus tard, Denoël en a dévoilé un peu plus sur son auteur, et sur la réception de son manuscrit :

"Aux écoutes" du 17 décembre

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Et voilà, l'histoire est lancée en quelques jours. 
Même sans les réseaux sociaux d'aujourd'hui.
On ne parle que de ça.
Les ventes s'envolent.
Et le succès du livre ne sera jamais plus démenti.

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  Je profite enfin de l'occasion pour vous montrer le bord gauche d'une page sur alfa (papier fabriqué par la maison Navarre) où l'on peut lire un filigrane dont j'ignorais l'existence :


-oo-  NAVARRE  -oo-  ALFA  -oo-

   Par ailleurs, la couverture d'un des numérotés en question laissait également apparaître un filigrane, plus difficile à déchiffrer, mais spectaculaire. c'est la première fois que je le vois également :



Avec au passage un zoom sur ce beau papier que l'on aimerait pouvoir toucher :


(Tout doucement, puisqu'il paraît qu'il est doux)