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dimanche 13 mars 2016

Le fameux manuscrit


  On n'est pas vraiment certain qu'il n'en existe qu'un, contrairement à ce que l'auteur s'est autorisé à noter de sa main sur la couverture d'origine :


Connaissant le personnage, il ne serait pas étonnant que ce soit un mensonge...

Mais ce qui est sûr, c'est que la BNF a bien fait de l'acheter aux enchères, celui-ci, en mai 2001, sinon nous n'aurions jamais pu le voir, ni même espérer le lire, et encore moins feuilleter ses 876 pages.

  C'est le célèbre libraire Pierre Bérès qui a fait sensation cette année-là en le sortant à la surprise générale d'un de ses coffres, soi-disant pour le compte d'un mystérieux collectionneur anglais.
Beaucoup s'accordent à penser qu'il en était bel et bien l'heureux propriétaire.
Et depuis longtemps...

En tout cas, il n'a pas fait une mauvaise affaire ce jour-là, puisque le prix d'adjudication fut de plus de 12 millions de francs : un record !

Il est d'ailleurs fort amusant de noter par qui l'état a dû se faire aider pour avoir les moyens de préempter ce chef d'oeuvre de la littérature : il s'agit, comme mécène principale, de Nahed Ojjeh, la veuve du richissime Akram Ojjeh. 
Je vous laisse découvrir sur Wikipedia comment sa fortune a été bâtie. Ce n'est pas triste !...


  On sait que Céline l'avait, lui, vendu en mai 1943 à un célèbre marchand de tableaux, Etienne Bignou contre, officiellement, 10 000 (anciens) francs et un petit tableau de Renoir !
Mais probablement bien plus que ça en réalité...


  Entre les péripéties de la fin de la seconde guerre mondiale, qui n'épargnèrent pas Céline, et les décennies qui se sont depuis écoulées, on avait franchement perdu sa trace !
Personne ne l'avait plus jamais vu.


Il faut savoir aussi, qu'avant même d'être publié, il faisait déjà parler de lui :


  Dans cette lettre qui devait accompagner son roman, l'auteur écrivait en effet, dès avril 1932 à Gaston Gallimard, le lui présentant en ces termes (sans succès) :

  « C’est du pain pour un siècle entier de littérature. 
C’est le prix Goncourt 1932 dans un fauteuil pour l’Heureux éditeur qui saura 
retenir cette œuvre sans pareil, ce moment capital de la nature humaine ». 

  Il en fallait du culot, pour envoyer ça à un grand éditeur, sans avoir jamais rien publié !...


Voici sa première page :

On y voit que l'incipit, devenu légendaire depuis, était à l'origine :
"Ça a commencé comme ça" 
et non pas "Ça a débuté comme ça" !

  Je conseille à tous les amateurs de se plonger dans la lecture de ce manuscrit qui apporte un éclairage nouveau sur le roman et sur son auteur !
La comparaison avec la version publiée est passionnante. L'écriture est facile, les corrections toujours intéressantes, sans trop de ratures, et les différences notables.

  En effet, depuis peu, cela est possible grâce à la parution du fac-similé complet de ce manuscrit, dont je ne saurais trop vous conseiller l'achat :





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