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jeudi 1 février 2024

Un mot amputé !

 

 Un correspondant me signale une nouvelle "coquille" qu'il a repérée dans un de ses exemplaires de 1932 du roman, au bas de la page 72 :

"traqué qu'il deva" au lieu de "devait" 


Il s'agit du tirage de la Grande imprimerie de Troyes, avec mention fictive de 72ème édition, et feuillets verts in fine


Pour l'instant, je n'ai retrouvé cette anomalie sur aucune des versions de cette première année mouvementée que je possède, en particulier des 9ème et 50ème éditions, ce qui est étonnant !

Ni sur un autre de 1938.

Peut-être ne s'agit-il que d'un défaut d'encrage accidentel à ce niveau ?

Ou bien se reproduit elle sur d'autres exemplaires ?


Est-ce que l'un de nos lecteurs l'a déjà rencontrée ?




samedi 18 novembre 2023

Une merveille !

 

  Non, le mot n'est pas trop fort ni le point d'exclamation exagéré : c'est vraiment une merveille qui vient de passer en vente à Drouot.

J'avais déjà vu mentionné quelque part l'existence d'un courrier du Docteur Destouches à son futur éditeur Denoël, dans lequel il lui faisait part de ses desiderata concernant la couverture de son premier roman.

Mais j'ignorais qu'il était allé jusqu'à la lui dessiner !

Et avec un certain talent !

Très probablement à l'été 1932 : en juillet ?

C'est donc ce croquis de la main de l'artiste qui était proposé à la vente. Une pièce de musée, ou à ranger à côté du manuscrit acquis par la B.N.F.

Quel est l'amateur du Voyage qui ne rêverait pas de se l'offrir ?

Il trufferait volontiers un exemplaire de l'édition originale, non ? Mieux qu'un envoi !


  Mais ce n'est pas tout, le lot proposé, particulièrement mal décrit dans le catalogue, comportait également ces 2 pages de texte que je vous laisse apprécier : 

Mon vieux ! Denoël avait 8 ans de moins que lui !
(humour ou autre destinataire ?)
Pas moyen de déchiffrer les 2 mots de l'antépénultième ligne : Pas de ...... ???

Il semble que celle-ci soit écrite, verticalement, sur la partie droite de la feuille du croquis.

Mon vieux de grâce surtout n'ajoutez pas une syllabe au texte sans me prévenir ! Vous foutrez le rythme par terre comme rien - moi seul peut le retrouver où il est. J'ai l'air baveux mais je fais à merveille ce que je veux. Pas une syllabe. Faites attention à la couverture aussi Pas de ...................
Pas de sentimentalisme typographique, du classique. 

Convenez que vous en êtes-vous autres à la période romantique de cet ours. Moi je l'ai digéré et je suis prêt à le vomir. Vous ne pouvez pas encore le voir vous donc sous l'angle du goût. Il faut en être bien rassasié pour cela. C'est mon cas. Une couverture assez lourde et discrète. C'est mon avis. Bistre et noir ou gris et gris peut-être et des lettres égales, un peu épaisses. C'est tout. C'est suffisant comme impressionnisme. Bien cordialement. 
A bientôt. LD


ET, un autre texte, qui si j'ai bien compris, est écrit au verso de cette carte-lettre du 2 septembre :


Quant à la couverture le sort en est jeté mais le tout bien atténué si vous le voulez bien... à mon retour je suis submergé par un déferlement d'ennuis petits et grands urgents et lointains matériels et immatériels... un bazar. Auquel je m'étais un peu déshabitué. Il faut m'y remettre. Dès que raccommodé j'irai vous voir mais pour le présent je me contente d'aller au plus urgent. Dites-moi combien je peux vous demander : imprimé pour Mr X. dont vous m'avez aimablement parlé. J'ai grand envie d'amadouer quelques patrons par ces hommages... on n'est assez jamais plat.
Signée : Destouches


  C'est cette dernière qui me pait le plus, car je suis également philatéliste, et collectionneur des timbres au type Semeuse. Je vous en avais d'ailleurs montré une assez similaire, adressée à sa fille, postée 3 jours auparavant au même endroit (voir mon article du 19 juin 2020).


SI PAR CHANCE, L'HEUREUX ACHETEUR DE CE MAGNIFIQUE LOT VOULAIT BIEN SE DEFAIRE DE CETTE CARTE FINALEMENT ASSEZ VILAINE ET DECHIREE SUR LES BORDS, 
JE ME FERAI UN  PLAISIR DE LA LUI RACHETER !
**********************************************
Cliquer en bas sur "Aucun commentaire" pour me contacter

Ces courriers datant d'avant la sortie du roman sont particulièrement savoureux, je trouve.

Le médecin écrivain avait donc déjà choisi son pseudonyme pour le faire figurer en haut de la couverture, mais signait encore avec son nom ou ses initiales.

En revanche, le nom de Denoël ne figure pas sur son dessin !
N'avait il pas encore été choisi ?




jeudi 17 août 2023

Et un pas en arrière, un !

 


  Lorsque j'avais remarqué, en janvier 2016, la présence ou l'absence dans certains des premiers tirages d'un ou deux mots comportant une erreur de typographie sous forme d'une lettre M inversée, et que je vous les avais décrits ici pour la première fois (pages 150 et 541 du roman), j'espérais que cette révélation permettrait d'y voir un peu plus clair dans la chronologie du travail de la Grande Imprimerie de Troyes en ce mois octobre 1932, qui fut si mouvementé...

   J'y ai cru. 

D'ailleurs, depuis, je suis très fier de voir mentionnée ma trouvaille dans presque tous les beaux catalogues de ventes même prestigieuses où est proposée une de ces éditions dites originales !

Pour moi, c'était logique, et même inimaginable qu'il en soit autrement : les 2 erreurs en question avaient été reconnues et corrigées au fur et à mesure des contrôles effectués au cours des tirages successifs. Les plus anciens ayant deux M inversés, puis un, puis zéro !

 J'ai essayé d'avoir des confirmations en demandant ce qu'il en était à chaque fois que je voyais passer en vente un de ces exemplaires. Et je n'ai pas été déçu !

  Je vous ai déjà fait part de tout ceci, au fil de mes trouvailles.

  En n'oubliant pas le mystérieux jaXais de la page 32, qui venait apporter un peu plus de confusion...


MAIS LE MYSTERE S'EPAISSIT 

TOUJOURS PLUS  !


  Je me suis une nouvelle fois plongé cet été dans la (re) lecture de ce chef-d'œuvre, non plus sur l'exemplaire de la bibliothèque paternelle, mais sur un autre, toujours de 1932 par la Grande Imprimerie de Troyes, dont le papier est mieux conservé, moins jauni, et donc plus agréable à lire.  

Cet exemplaire fait partie de ce que je considère comme la troisième version de l'édition originale, avec les deux M corrigés, bien à l'endroit. Et il comporte également le curieux jaXais.

   Tout se passait bien jusqu'à la page 469...

Même si les années écoulées ont un peu nui à la qualité de ma vision de près, c'est toujours sans lunettes que je lis, avec un bon éclairage, et que je tombe stupéfait sur un invraisemblable 3ème M inversé !

Que je m'empresse de vous montrer, après avoir vérifié avec mes lunettes que ce n'était pas une hallucination :

"comwe ça"

Du coup, je me suis précipité pour vérifier si je l'avais raté sur les autres exemplaires en ma possession.

    Et bien, figurez-vous que ce 3ème M à l'envers est absent sur deux de mes livres qui représentent pour moi la "1ère version" ainsi que sur un du Service de Presse, avec les 2 autres M à l'envers, et sur celui que j'ai de la "2ème version" avec le seul M de la page 150 à l'envers ! Je vous parle d'exemplaires sans aucune mention d'édition sur la couverture, de la Grande Imprimerie de Troyes.

Il est aussi absent des réimpressions de l'Imprimerie française de l'Edition, qui pour moi ne  sont que des copies en offset de la "1ère version".


    En revanche, il est bien présent sur un exemplaire avec mention de 9ème édition, et sur un des 100 exemplaires sur alfa numéroté,  qui ont eux aussi les deux autres M corrigés, et qui comportent l'erreur jaXais !

Et présent également sur un exemplaire avec mention de 50ème édition dont les 2 autres M sont corrigés, mais où ne figure pas le fameux jaXais !

 C'est à ne plus rien y comprendre !

D'ailleurs, j'y renonce... jusqu'à de nouvelles observations.

Ce 3ème M retourné ne se voit (jusqu'à preuve du contraire) que sur des tirages où les deux autres M ont été corrigés, avec ou sans jaXais, sur papier d'alfa ou bien sur papier d'édition : avouez que c'est surprenant, non ?


Du coup, les puristes me pardonneront, j'espère, la petite fantaisie que je me suis autorisée avec la couverture fictive qui illustre cet article.



dimanche 5 mars 2023

On progresse, doucement...

 

  Il suffisait de demander... 

Depuis que j'ai remarqué sur tous les exemplaires numérotés sur papier d'alfa que j'ai vus, la présence d'une anomalie au niveau du copyright situé sous la justification, à savoir le 2 absent dans 1932, je me demandais s'il en était ainsi également pour les exemplaires sur Arches.

Le souci, c'est que ces exemplaires si prestigieux se cachent volontiers dans les bibliothèques ou les coffres de leurs heureux propriétaires, et que lorsqu'ils en sortent pour être mis en vente, les catalogues ne nous montrent pas ce détail. 

Et je n'ai jamais eu le plaisir d'aller en voir un de plus près, n'étant pas sur Paris !


  Une grande maison de vente aux enchères a proposé cette semaine sur internet le numéro 7, un peu perdu au milieu de jolis lots assez disparates, et il a semble t'il trouvé preneur.

Un correspondant a eu l'amabilité de bien vouloir se rendre sur place pour l'examiner : on regrette la présence de rousseurs sur les premières pages et les tranches. Celles-ci sont inesthétiques et étonnantes sur un papier de cette qualité, mais il parait que l'on peut les faire disparaitre au lavage...


  Je suis donc à présent en mesure de vous donner quelques précisions à son sujet, et je pense qu'il en est de même pour les 10 numérotés sur Arches :

  - l'anomalie au niveau du copyright est absente : soit elle a été corrigée par rapport aux 100 sur alfa qui auraient donc été imprimés un peu avant, soit elle n'est pas encore survenue si c'est l'inverse. Qui pourra un jour trancher ?

  - le mot "jamais" de la page 32 est bien typographié : soit le très curieux et fameux "jaXais" des 100 sur alfa a été corrigé, soit il n'a pas encore été frappé. Mystère ?

  - seul le M du mot "moyen" de la page 150 est inversé, et pas celui de "méthodiques" à la page 541, ce qui laisse penser que son impression a été réalisée entre ceux des premiers tirages sur papier d'édition et ceux du service de presse qui ont deux ou un M à l'envers. Et donc un peu avant ceux sur alfa qui ont les deux M corrigés !

C'est à ne plus rien y comprendre. 

Je désespère de pouvoir un jour trouver une explication logique à tout ça ! 

Ce n'est qu'en portant la plus grande attention à tous ces détails, et sur tous les exemplaires de l'édition originale que l'on voit passer, que l'on pourra y voir plus clair. 

C'est la raison pour laquelle j'ai besoin de votre contribution. 

Merci par avance !


En tout cas, même un peu bavouillé, le 2 est bien à sa place :





mardi 24 janvier 2023

Beaucoup de questions, et peu de réponses...

 

  Je relance aujourd'hui ma demande de recensement des exemplaires numérotés sur alfa, car la précédente est pour l'instant restée sans la moindre réponse ! Je désespère...

Et je l'illustre avec ce que j'ai pu trouver sur internet :

 




                              

  Ce qui en fait déjà six indiscutables, mais j'ai également eu l'occasion de voir passer dans des ventes publiques les numéros 13 + 47 + 54 + 85 + 86 + 78 + 101 sans hélas en obtenir d'images similaires, ce qui en fait donc quatorze identifiés, dont l'existence est certaine.

  Huit autres sont passés en vente depuis que je les cherche "partout", sans que leur numéro ne soit précisé, et il se peut que certains fassent déjà partie de la liste qui précède, mais au maximum, cela en ferait donc 22 sur 100, ce qui me semble très peu. 

Ne me dites pas que personne n'a jamais vu aucun des 78 autres !

J'espère pouvoir progresser grâce à vous...

N.B. Ces images de la page de justification des 100 sur papier d'alfa montrent toujours au niveau du copyright l'absence du 2 de 1932. 

On voit que pour le n°63, un 2 a été ajouté à la plume : quel sacrilège !

*****

  Je vous fais remarquer au passage que cette erreur a été corrigée sur le tirage Hors Commerce réalisé sur le même papier (du moins pour tous ceux que j'ai vus), ce qui semble confirmer qu'ils ont bien été imprimés dans un second temps :

 D'ailleurs, je n'en n'ai jamais vu de numéroté de ces Hors Commerce, ce qui est curieux ! 

Et il en existerait certains marqués d'une lettre au lieu d'un chiffre : jamais vus non plus...

Quelques uns nominatifs portent la mention "imprimé spécialement pour ...." : j'en connais quatre.

*****

   Pour la beauté des yeux, pour admirer et comparer le papier (il vous suffit de cliquer sur les images), en voici 2 des 10 prestigieux exemplaires existant sur vergé d'Arches :



Le cadrage des images ne nous permet pas de savoir comment est leur copyright...
( 193 ou 1932 ? )

Là encore, si vous avez des infos ou des images pour compléter le sujet, n'hésitez pas à me contacter en cliquant ci-dessous sur "aucun commentaire"


dimanche 30 octobre 2022

Papier d'alfa

 

  Je vous avais montré en juin 2021 le filigrane que l'on peut voir en bordure de certaines pages des magnifiques exemplaires imprimés sur papier d'alfa.

En effet, il convient de dire papier d'alfa et non papier alfa, car il s'agit d'un beau papier fabriqué non pas avec des chiffons, mais à partir d'une plante verte méditerranéenne ainsi nommée, comme nous l'apprend Wikipédia. 

Stipa tenacissima, l'alfa, est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae, originaire de l'ouest du bassin méditerranéen. C'est une plante herbacée vivace qui pousse dans des régions arides et qui sert notamment à fabriquer des papiers d'impression de qualité.

    A l'aide des outils numériques d'aujourd'hui, j'ai enfin pu vous faire de belles images de ce filigrane, même s'il ma fallu les améliorer quelque peu avec un logiciel de traitement d'images pour qu'il soit bien visible. Du coup, les couleurs d'origine ne sont pas respectées.

~  ALFA  MOUSSE  ~  NAVARRE  ~
La totalité du filigrane apparait !
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Le fabriquant (les papeteries Navarre, du nom de leur fondateur) avait donc fourni à la Grande Imprimerie de Troyes une variété "mousse" de son papier d'alfa, pour le tirage mi-octobre 1932 de notre in-12 préféré.
   Le format in-12 signifie que la feuille de papier d'origine a été pliée à 6 reprises pour donner après découpage 12 feuillets et donc 24 pages d'un livre.

Le roman de Céline commence ou plus exactement débute à la page 11, pour se terminer à la page 623, et cette dernière porte à son dos la mention de l'imprimerie (page 624 non numérotée).

624 divisé par 24 : on sait que la fabrication d'un livre a nécessité 26 feuilles, pliées en 12.



vendredi 21 octobre 2022

Recensement


   Voici à quelques jours près 90 ans que le Docteur Destouches a vu paraître son premier roman publié sous le pseudonyme de Céline, fruit de nombreuses années d'écriture.

L'édition sur papier d'édition était vendue 24 francs :

Mais bien que l'auteur soit un parfait inconnu (pour quelques jours encore), Denoël avait fait tirer 110 exemplaires "de luxe" pour l'édition originale qui sont numérotés :

Les dix sur Arches étaient proposés à 90 francs, et les cent sur Alfa de Navarre à 40 francs.

(Mais leur prix ne figure pas au dos de la couverture)

  Il y eut également d'autres exemplaires "de luxe" imprimés sur ces deux grands papiers et destinés à des amis de l'auteur et de l'éditeur, ou à des collaborateurs proches : ce sont les  hors commerce qui ne sont pas numérotés. Ils s'avèrent même plus nombreux que ceux de l'édition originale !

  Bien entendu, quelques-uns des numérotés ont également pu être distribués de la même façon, mais la majorité a dû être vendue à des amateurs. Surtout lorsque Céline est devenu célèbre. Au total, ils auraient pu rapporter 4900 francs à l'éditeur s'ils avaient tous été vendus !

En réalité, on l'ignore, mais je vous ai montré une note manuscrite des comptes que Denoël tenait scrupuleusement pour Céline, et ces 110 exemplaires sont comptabilisés à part, ce qui suggère qu'il n'a pas voulu que son auteur en profite lui aussi...

Mais qu'ont bien pu devenir ces 110 exemplaires prestigieux numérotés ? 

En 90 ans, avec plusieurs années de guerre à traverser, et tout ce qui a pu être reproché à Céline ensuite, il est fort probable qu'un certain nombre d'entre eux ont été perdus, détruits, ou peut-être même brûlés ?

    - Les 10 premiers existent toujours. On en est sûr. Ils ont tous été vus par des bibliophiles depuis, même s'il a fallu plusieurs décennies pour en retrouver la trace (nous en avons déjà parlé ici). Certains ont été les vedettes de grandes ventes publiques. Si vous en avez des images, sachez que j'en suis toujours friand, et que certains me manquent encore !

    - Les 100 suivants, sur Alfa, sont restés plus discrets. Je m'attache à répertorier ceux que je vois passer depuis de nombreuses années dans les ventes ou sur internet, mais la tâche n'est pas simple car on n'en trouve pas toujours des images, et car le numéro n'est pas souvent mentionné.


Je suis très curieux de savoir combien ont pu parvenir intacts jusqu'à nous. 

A votre avis combien ont disparu ?

Pourtant 10 fois plus nombreux que ceux sur Arches, je peux vous assurer que l'on n'en voit pas passer souvent de ces numérotés sur Alfa. 

A cela, je ne vois que deux raisons possibles : soit les heureux propriétaires les conservent jalousement et les transmettent de génération en génération, soit un grand nombre n'existe tout simplement plus de nos jours.

  Aussi, je profite du fait que ceux qui ont l'amabilité de me lire soient comme moi des amateurs bibliophiles (et/ou des commerçants, l'un n'empêchant pas l'autre) pour tenter d'en savoir plus :

Si vous avez dans votre bibliothèque, ou si vous avez vu passer un jour un de ces 100 exemplaires sur Alfa numéroté, auriez-vous la gentillesse de m'en faire part ? Et si, en plus, vous m'en fournissiez des images, je vous en serais encore plus reconnaissant ! Cliquez au bas de cet article sur "Aucun commentaire" pour me contacter.

 Sachez que j'en ai déjà 14 dans mon fichier avec leur numéro, ainsi que 8 dont le numéro n'est pas précisé dont certains peuvent faire partie des 14.

Même si ces renseignements sont souvent confidentiels, je pense que ce recensement n'est pas sans intérêt, et je me ferai un plaisir de partager mon fichier avec ceux qui me contacteront. 

Ce fichier répertorie également tous les autres exemplaires sur grands papiers, avec leurs prix, date de vente, provenance, envoi pour certains, description sommaire. J'ai également beaucoup d'images à partager.

MERCI pour votre aide !


mercredi 29 décembre 2021

"Eh bien ! Je joue du cornet à piston"

 

  Vivement que 2021 se termine !

Maudite année au cours de laquelle deux magnifiques exemplaires sur Alfa me sont passés sous le nez, juste assez près pour susciter encore plus d'envie, mais vendus suffisamment chers pour que la raison l'emporte une fois de plus...

  Gallica m'a permis de retrouver et de vous montrer cet article de "Paris Soir", en date du 10 novembre 1932, date à laquelle presque personne encore ne connaissait ni Céline ni son Voyage.

Je vous laisse apprécier :



jeudi 24 juin 2021

Vive le printemps !

 

   Serait-ce un des effets bénéfiques encore méconnu de la COronaVirus Infectious Disease ?

   Quelques anciens bibliophiles auraient-ils tristement cassé leur pipe ?

Toujours est-il que malgré une météo particulièrement exécrable, et comme les cerisiers du Japon, ce printemps a vu éclore en quelques semaines seulement, pas moins de quatre magnifiques exemplaires de tête du "Voyage" mis en vente, un peu comme s'ils avaient été "déconfinés" (pour reprendre une expression à la mode) ! 

- un exemplaire hors commerce nominatif sur alfa, avec un envoi à René Arnold, et une vilaine tête de mort sur sa reliure (il est resté invendu),

- deux des 100 numérotés sur alfa : un broché superbe et un bien relié,

- et l'exceptionnel exemplaire n°9, sur vergé d'Arches !

  Du coup, cela m'a donné envie de publier quelques nouveautés. Rien de bien extraordinaire, me direz-vous, mais quelques documents que je suis bien content d'avoir trouvé (sur internet : Merci Gallica !) et de belles images que, personnellement, je n'avais jamais vues.

  En préambule, je vous signale un remarquable mémoire d'histoire politique soutenu en 2013 à l'université de Lyon, dans laquelle son auteur, Thomas Choury, nous fait partager son approche originale, parfaitement documentée et très poussée de notre roman préféré. 

Une lecture que je vous recommande !

"Histoire d'un livre"

  Ensuite, voici la toute première (je crois bien) annonce parue dans la presse, 5 jours à peine après la sortie du livre qui date du 15 octobre 1932 :

Journal "Candide" du 20 octobre
(Moi, je l'aime)

Et une autre en date du 29 octobre, dans "Aux écoutes" :



Je vous laisse également apprécier l'élogieuse chronique de Jean Pallu, publiée dans "Cahiers du sud" dès le 1er novembre  (cliquez SVP sur les pages pour zoomer) :





  Ce qui est remarquable, c'est bien entendu que le roman fraîchement paru n'avait pas encore eu le temps de faire parler de lui, pas plus que son auteur jusque là simple médecin de banlieue, et parfait inconnu du monde littéraire.

Cependant, le 16 novembre, il écrit à Pierre Descaves, fils de Lucien membre de l'académie Goncourt :
"je commence à considérer que je ne suis plus tout à fait un homme anonyme"


Et il signe encore Louis Destouches.

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Le mémoire de Mr Choury retrace admirablement les péripéties du vote du 7 décembre, et de l'agitation du milieu littéraire qui s'en est suivie, à l'origine du succès que le livre a ensuite connu.

   C'est en effet ce jour-là que le prix Goncourt a échappé à celui qui se fait désormais appeler Céline, et qui a dû se contenter du prix Renaudot. 

L'auteur a trouvé sa nouvelle signature, celle qu'il utilisera pour ses envois sur les premiers parus :



"Comoedia" du 8 décembre

Les 3000 exemplaires du premier tirage par la grande imprimerie de Troyes ne sont pas encore tous vendus, mais Denoël flaire le bon coup de pub, et en commande déjà d'autres à l'imprimerie française de l'édition...

  C'est Merry Bromberger qui le premier va retrouver celui qui se cache derrière ce pseudonyme, et publier son premier interview, sans pour autant dévoiler son nom :

"L'intransigeant" du 8 décembre


Le même journal semble ensuite se réjouir le 9 décembre de la "victoire" de Guy Mazeline :



La revue "Monde" publiera en revanche le 10 décembre un bel article intitulé 
"Les Goncourt avaient un grand livre, ils ne l'ont pas choisi" 



A l'inverse, André Rousseaux s'emporte un peu dans "Le Figaro" du même jour, et le qualifie quant à lui de "livre horrible"  en précisant que "ce n'est pas de la littérature" !


On voit déjà que le livre divise : partisans et opposants s'expriment dans la presse, principal média de l'époque, et le ton va encore monter...

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  Lisez donc à présent cette tribune de Max Descaves, un autre fils de celui qui fut le plus ardant défenseur du "Voyage", et l'un des 3 membres du jury du Goncourt à lui avoir conservé sa voix, avec Daudet et Ajalbert. Tous les trois recevront d'ailleurs un prestigieux exemplaire sur Arches.

Parue dans "VU" le 14 décembre, une semaine après l'attribution du prix.

On y retrouve une reproduction de l'image aujourd'hui célèbre du maréchal des logis Destouches à 20 ans, pendant la guerre, lors du fait d'armes qui lui valut sa fameuse blessure, et une médaille.

"L'illustré national" - 1915

Quelques jours plus tard, Denoël en a dévoilé un peu plus sur son auteur, et sur la réception de son manuscrit :

"Aux écoutes" du 17 décembre

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Et voilà, l'histoire est lancée en quelques jours. 
Même sans les réseaux sociaux d'aujourd'hui.
On ne parle que de ça.
Les ventes s'envolent.
Et le succès du livre ne sera jamais plus démenti.

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  Je profite enfin de l'occasion pour vous montrer le bord gauche d'une page sur alfa (papier fabriqué par la maison Navarre) où l'on peut lire un filigrane dont j'ignorais l'existence :


-oo-  NAVARRE  -oo-  ALFA  -oo-

   Par ailleurs, la couverture d'un des numérotés en question laissait également apparaître un filigrane, plus difficile à déchiffrer, mais spectaculaire. c'est la première fois que je le vois également :



Avec au passage un zoom sur ce beau papier que l'on aimerait pouvoir toucher :


(Tout doucement, puisqu'il paraît qu'il est doux)


jeudi 9 juillet 2020

Précisions


  Lorsque j'avais abordé en janvier 2016 le sujet des grands papiers, j'avais commis une erreur à propos des plus prestigieux exemplaires, imprimés sur Arches :   (erreur corrigée depuis)

- il en existe bien 10 exemplaires numérotés de 1 à 10 qui ont presque tous été identifiés, nous l'avons vu récemment. On peut les reconnaître facilement à leur dos, si on a la chance d'en croiser un...
Celui-ci porte en effet la mention VERGÉ  D'ARCHES :

 Le n°2 qui aurait appartenu à Léon Daudet
(Librairie Hérodote - Paris)

- et vraisemblablement 10 ou 13 exemplaires hors commerce, non numérotés dont le dos quelque peu différent, porte au même endroit seulement la mention ARCHES :



*******

     En ce qui concerne à présent les exemplaires imprimés pour le Service de Presse  (sur papier d'édition), j'écrivais récemment, en me fiant au document des archives de l'éditeur, qu'ils avaient été les tout premiers imprimés, et qu'ils comportaient tous logiquement les deux caractères M inversés, aux pages 150 et 541, car j'en avais enfin vu un de mes yeux vu...


  Et bien, NON : un correspondant m'a contacté pour me faire part de l'existence d'un exemplaire en sa possession, qui ne comporte qu'un seul M inversé, celui de la page 150 !

Peut-être en existe t'il même avec les deux M corrigés, qui sait ?

  Décidément, les débuts du Voyage étaient  bien mouvementés !...

J'ai bien peur que l'on ne sache jamais la vérité : 

- y a t'il eu plusieurs tirages pour le Service de Presse ? Sans, puis avec correction du ou des M ?
Ce qui pourrait se comprendre au vu du succès rencontré par le roman, et de l'intérêt que lui ont porté les journalistes littéraires de l'époque.

- ou bien a t'on pioché au fur et à mesure des besoins dans les premiers tirages (avec leurs 3 versions) pour les parer de la couverture spécialement marquée Service de Presse en lieu et place de celle avec le prix 24 francs ? 
Sans bien entendu se préoccuper de cette fameuse inversion des M, dont personne ne s'était jamais soucié jusqu'à ce que je m'y intéresse !


  *******

  Et j'imagine que si l'on s'intéresse de près aux exemplaires sur Alfa, cela ne fera que nous embrouiller encore plus ! Entre les 100 exemplaires numérotés de 11 à 110, les divers hors commerce, et ceux imprimés spécialement pour, je suis certain que l'on doit trouver là encore des différences...

vendredi 19 juin 2020

En attendant le Voyage...


  Depuis la fin de 1931, celui qui se fera appeler Céline avait pris contact avec la maison d'édition Gallimard dans l'espoir de faire publier son roman. On se souvient encore de sa célèbre et audacieuse lettre du mois d'avril 1932, accompagnant l'envoi de son manuscrit à la N.R.F.

   Il a dû s'impatienter, trépigner, puis se vexer devant ces mois d'hésitations...

   Ensuite, on sait que le manuscrit de Voyage au bout de la nuit a été déposé chez Denoël le 15 juin 1932, et que le contrat d'édition a été signé le 30. Le jeune éditeur ayant su saisir l'occasion, et vite !
En septembre, le roman était encore à la composition, pour une parution vers le 15 octobre.

Connaissant le caractère de celui qui n'était encore que le Docteur Destouches, les semaines ont dû être longues cet été-là !
Il a déjà 38 ans...

La France tente de se relever doucement de la crise qui a fortement secoué la planète.
En Allemagne, on propose à Hitler d'entrer au gouvernement.
Bref... ça roule !

  Depuis 1929, notre futur Céline vit à Montmartre avec Elisabeth Craig, une danseuse américaine à qui il a d'ailleurs tenu à dédier son premier roman.


Il exerce tant bien que mal la médecine générale en banlieue, mais sans beaucoup d'entrain ni grande satisfaction.
Le "roman du siècle" lui trotte dans la tête depuis longtemps. Il écrit beaucoup...

Louis-Ferdinand
Elisabeth

 Leur domicile était situé en haut de la rue Lepic, au numéro 98. 
C'est là que son chef d'oeuvre est né. Cela lui aura pris 3 ans environ.

Sa fille unique, Colette, séjourne souvent avec eux, et a du mal à dormir à coté de son père, car il écrit la nuit (partout, sur les murs parfois) tout en parlant à voix haute !


Peut-être a t'il croisé ou même connu le peintre Maurice Utrillo qui a si souvent peint ce quartier artistique de Paris ?


 L'immeuble est situé juste en face du célèbre moulin de la galette immortalisé par Renoir, où il doit bien s'encanailler de temps en temps.
Le voici vu de la rue Girardon, qui est perpendiculaire à la rue Lepic :



Et de nos jours, le coin n'a pas trop changé !

En 2020

  La chronologie de La Pléiade fait état d'un séjour en Bretagne au cours du mois d'août 1932, jusqu'au 25. Probablement en a t'il profité avec sa fille, née de son mariage avec Edith Follet, originaire de Rennes. Celle-ci avait demandé et obtenu le divorce 6 ans auparavant.


 Colette, alors âgée de 12 ans, séjourne à l'hôtel Bellevue, 
situé au nord de Brest, à l'Aber-Wrach plus exactement :


Son père, revenu à Montmartre, lui écrit tantôt, à cette adresse les pieds dans l'eau...


L'endroit est resté lui aussi pratiquement le même depuis :


 Vu du ciel, on comprend mieux le nom de cet hôtel, faisant face à l'Atlantique :


C'est cette jolie lettre qui nous a permis de reconstituer l'histoire en images :


Ceux qui ont eu la curiosité de visiter mon autre "blog" savent que je suis également philatéliste, collectionneur des...

Ils comprendront facilement le plaisir que j'ai eu à la dénicher !
Et à vous en faire profiter.

  Non seulement c'est la seule lettre de lui que j'ai pu voir ainsi affranchie avec un de mes timbres favoris, mais également la seule de Céline à sa fille, datant cette époque.
J'ai retrouvé sur internet trace d'une interview au cours de laquelle elle regrette à posteriori de n'avoir conservé aucune archive de son père d'avant la guerre.

  Par ailleurs, l'écrivain n'ayant bien entendu connu le succès qu'après la sortie du roman, ses courriers antérieurs à cette date sont bien moins fréquents que ceux qui ont suivi.
On peut même dire qu'ils sont rares.

  Celle-ci a été postée tout près de son domicile, place des Abbesses, le 30 août 1932 à 18 h. 45, et est bien arrivée à l'Aber-Wrach (Finistère) le 1er septembre au matin :


Il s'agit d'une carte-lettre, ce qui fait que le texte et notre Semeuse sont restés inséparables depuis toutes ces années. Eut-il utilisé une enveloppe et du papier libre pour lui écrire, que cela n'aurait pas été le cas... Quelle chance pour moi !


Il répond à sa fille : "Mon mimi".
Imaginons la carte postale qu'elle avait dû lui adresser de son joli coin de Bretagne...

Il se plaint de la canicule.

Il parle de sa mère à lui (Marguerite, alors âgée de 64 ans) qui n'a pas réussi à louer un appartement...
Elle était veuve depuis le mois de mars. C'est le prénom de sa grand-mère, la mère de Marguerite, qu'il a choisi comme pseudonyme : Céline.

Il laisse deviner les difficultés financières auxquelles il doit faire face.

Il évoque Ludwik Rajchman qu'il considère comme son maître, à qui il doit beaucoup.

Et il signe "Ton papa / Louis"


Le Docteur Rajchman l'avait fait venir à ses cotés à Genève dès 1924, 
pour travailler au sein de la section hygiène de la Société Des Nations.
Il sera après guerre le fondateur de l'UNICEF.

  De nombreuses missions à l'étranger pour la S.D.N. ont ainsi permis au Docteur Destouches de parcourir le monde avant de devenir l'écrivain Céline.
C'est aussi à Genève qu'il a rencontré Elisabeth Craig.

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  Entre les lignes assez touchantes de ce courrier, on retrace une période importante de la vie de l'auteur de notre roman préféré, juste avant qu'il ne bouleverse le monde littéraire. 
Et on croise des personnages qui comptent vraiment pour lui en cet été 1932.

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  Colette Destouches (épouse Turpin) a longtemps vécu à Lannilis, tout près de l'Aber-Wrach. 
Elle y est décédée en 2011 à l'âge de 91 ans, et y repose à jamais.